Cette semaine j’ai pris une grande décision, celle d’avoir beaucoup moins d’objets dans mon appartement. J’ai commencé avec le salon, la salle de bain puis la chambre (plus difficile parce que beaucoup d’objets me servent pour le travail). À un moment je suis tombé sur une vieille trousse que j’ai ouverte. J’y ai trouvé une ribambelle de crayons de graphite, pas plus long que la taille d’un doigt.
La première chose que je me suis dit, c’est “quel gaspilleur ! j’aurais pu les utiliser jusqu’au bout”. Ensuite, j’ai remarqué que ces crayons n’étaient pas de la même marque. Depuis le temps que je pratique, j’aurais pu me trouver un crayon qui aurait été mon favori, celui que je voudrais rechercher systématiquement dans les magasins de beaux-arts, aussi précieux à mes yeux, que l’est Milou à ceux de Tintin.
Pour faire court, j’ai voulu confronter la diversité de ces anciens acolytes de bois en un article (celui-ci) afin de savoir si un crayon sort du lot. Cet article est à destination de ceux qui souhaitent choisir un crayon pour dessiner, qui veulent en savoir plus sur la fabrication de cet outil, ainsi que ceux qui veulent choisir leur marque en fonction du type dessin qui leur plaît.
Après je continue le ménage ! 🙂
Comment c’est fait un crayon ?
Je suis certain que vous vous êtes posé cette question au moins une fois. 🙂 Au cas où vous n’auriez pas eu le temps de faire quelques recherches, voici les ingrédients de la mine du crayon :
- graphite ;
- et argile.
Le premier va donner la coloration, le gris et le second est son liant. C’est avec ce dernier que la dureté de la mine est déterminée.
Un crayon de qualité se distingue par l’homogénéité du mélange entre le graphite et l’argile. Les ingrédients sont malaxés avec de l’eau jusqu’à obtenir une pâte fine.
Vient ensuite la phase de cuisson à 1200 degrés (quand même !) qui va donner la consistance que nous connaissons à la mine. Pour la dernière étape, les fabricants enduisent la mine d’huile, de cire et enfin de colle. Cela juste avant de la placer dans une planchette de cèdre sur laquelle une seconde planchette viendra s‘imbriquer.
Choisir un crayon : degrés de dureté et catégories
Je me souviens, lorsque j’étais enfant, d’avoir la désagréable sensation que mon dessin n’était pas aussi bien réalisé lorsque j’utilisais un certain type de crayon. Je vous l’accorde, à l’époque je dessinais avec tous les crayons que je pouvais trouver.
Ensuite j’ai eu l’idée de regarder les lettres qui se trouvaient sur une des surfaces du crayon. J’ai vu que sur certains il y avait écrit “H”, “HB”, etc. Mais il y avait aussi des chiffres devant ces lettres : “2B”, “4B”, …
Grosse révélation ! Je venais de découvrir l’échelle de dureté des mines !
Ensuite j’ai appris l’anglais et j’ai compris ce que ces lettres voulaient dire 😉Voici donc à quoi correspondent les lettres :
- “H” pour “hardness”
- “B” pour “blackness”
Les crayons H produisent des traits gris fins et durs alors que les B tracent une ligne riche et sombre. Voilà déjà un premier indice pour vous aider à choisir un crayon pour dessiner. Lothan Von Faber, créateur de Faber-Castell, classe les crayons selon les fonctions, de cette manière :
- Pour le dessin technique :
le groupe 9H, 8H, 7H, 6H, 5H, 4H, 3H, 2H
- Pour l’écriture :
le groupe H, F, HB, B
- Pour le dessin artistique :
le groupe 2B, 3B, 4B, 5B, 6B, 7B, 8B, 9B
Test des crayons de différentes marques
Maintenant que vous en savez plus sur la fabrication d’un crayon et les catégories que l’on retrouve dans le commerce, voyons un peu les marques que j’ai à comparer !
- Le Prismacolor Scholar 2B
- Le Derwent Sketching 2B
- Le Faber-Castell 2B
- Le Staedtler Lumograph 2B
C’est parti pour les tests, pour vous aider à y voir plus clair afin de choisir un bon crayon pour dessiner.
Test des dégradés
Le but de ce nuancier est de voir comment les lignes de chaque crayon se fondent et disparaissent pour obtenir un dégradé lisse (très utile pour un dessin à visée hyperréaliste).
Pour les 4 : les transitions entre les gammes sont douces. Le Prismacolor et le Staedtler ont des lignes qui restent assez visibles. Le Derwent, dont la marque est plus poudreuse, est plus uniforme. Mais le rendu le plus lisse est obtenu avec le Faber-Castell.
Test des lignes
Note : pour réaliser ce tableau, je n’ai taillé le crayon qu’une seule fois et laissé la mine s’émousser progressivement
Ici j’ai voulu comparer pour chaque crayon : les verticales, les courbes, le remplissage en rond (tenu près de la mine), les diagonales, et un autre remplissage en rond (avec le crayon tenu en bout cette fois).
Voyons ce que donne le comparatif
Globalement dans les lignes verticales et diagonales les crayons se valent. Le Derwent est légèrement moins net que les autres, le Prismacolor et le Staedtler ont quelques petites nuances subtiles qui apparaissent dans leurs lignes.
Par contre dans les courbes, le trait du Prismacolor s’épaissit et se noircit. Le Staedtler garde une ligne nette ainsi que ses petites nuances. Le Faber-Castell reste le plus homogène.
Le travail en rond montre que le Prismacolor n’est pas le meilleur crayon pour obtenir un dessin aux textures douces. Des petits points sombres apparaissent à l’intérieur du remplissage. C’est par contre un rôle qui irait parfaitement au Faber-Castell.
Quel crayon choisir pour quel dessin ? Résultat
Le crayon de la marque Derwent Sketching
C’est un crayon fait pour les sketches rapides. Sa mine est beaucoup plus tendre et poudreuse que celle des autres outils. Il est un peu plus lourd que les autres crayons que j’ai dans ma trousse. Il glisse facilement sur le papier et couvre de grandes surfaces rapidement. Sa texture poudreuse rend difficile le travail dans le détail.
Comme son nom l’indique (“Derwent Sketching”) il est plus approprié pour le dessinateur qui souhaite faire une série d’esquisses ou des dessins flous de type “impressionniste”.
Le crayon de la marque Prismacolor Scholar
Le mélange d’argile et de graphite fait que l’on a des traits nets et précis même avec un 4B. Excellent pour faire un dessin expressif, où la gestuelle prédomine. C’est un crayon qui monte très vite dans les valeurs sombres.
Le fait que l’on obtienne des dégradés peu homogènes confirme qu’il est plus intéressant de l’utiliser pour un travail à l’aspect graphique très marqué.
Le crayon de la marque Staedtler Lumograph
C’est le crayon qui, au regard des tests, possède le moins de personnalité. Ses tracés ne sont pas aussi affirmés que ceux du Prismacolor et ses aplats pas aussi doux que le Faber Castell. Il est de bonne qualité mais d’un point de vue graphique, il ne se spécialise pas.
Le crayon de la marque Faber-Castell
Même si le Prismacolor est très précis, le trait d’un Faber-Castell est d’une clarté bluffante. Avec moins de pression sur la mine les traces de crayon disparaissent pour obtenir le dégradé le plus uni des 4 crayons testés.
Avant d’écrire celui-ci, j’ai lu quelques articles élogieux sur ce crayon, je souhaitais voir ses qualités et je ne suis pas déçu ! Je le conseille pour les dessins très détaillés et pour les effets de matière très réalistes.
Choisir un crayon pour dessiner : ce qu’il faut retenir
Évidemment le ressenti avec le crayon pendant le dessin est aussi important. Il y a beaucoup de caractéristiques qu’un test de ce type ne peut mesurer. Mais j’aime assez savoir ce qui se trouve dans ma trousse et si j’utilise bien l’outil le plus approprié pour le type de dessin que je vise.
Si vous vous intéressez au dessin très réaliste, les crayons ne sont pas les seuls outils que vous pouvez utiliser. Vous devrez avoir quelques outils supplémentaires dans votre trousse. Voici un exemple de rendu que l’on peut obtenir en choisissant les bonnes combinaisons de crayons. Pour lire la liste du matériel utilisé, cliquez sur le lien suivant : “dessiner un portrait aussi réaliste qu’une photo”.
Voici un portrait que j’ai réalisé en combinant les bons crayons avec les techniques d’estompes :
Pour l’article suivant (eh oui, je ne m’arrêterai pas là) je compte tester :
- l’utilisation de la gomme ;
- rendu des crayons sur un papier lisse et un papier à grain ;
- ce qui se passe lorsqu’on utilise une estompe.
Est-ce que vous voyez d’autres choses que je pourrais évaluer pour l’article suivant ?
Maintenant que vous savez quels sont les différents outils que vous pouvez utiliser et leurs spécificités, il ne vous reste plus qu’à vous entraîner chez vous. Je vous encourage à aller faire un tour sur ma chaîne YouTube pour retrouver plein de tuto ! Pensez à vous abonner 👍🔔
À lire aussi | Les essentiels pour commencer à dessiner les reflets au crayon
Pour aller plus loin | Découvrez la page de mes formations pour débutants
crédit FlickR : Ayes
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